Le rapport du Vérificateur général du Québec démontre l’inefficacité des règlementations : l’AIPS presse le gouvernement d’agir.
Le 2 juin, le Rapport du Vérificateur général du Québec pour l’année 2016-2017 révèle l’analyse de la situation de l’utilisation des pesticides en milieu agricole. Force est de constater que ce dernier démontre le scandale en cours et corrobore les arguments avancés par l’AIPS depuis plusieurs mois.
Ce rapport nous rappelle une fois de plus que les tentatives gouvernementales pour encadrer de plus près la loi sur les pesticides ne suffisent pas à garantir la moindre action. En effet, depuis 1992, le gouvernement du Québec tente par diverses stratégies et plans d’action, de réduire l’usage des pesticides en milieu agricole, sans qu’aucun moyen règlementaire réellement sérieux ne soit mis en oeuvre. Au contraire, la situation s’aggrave d’année en année: “Ainsi, l’augmentation des ventes de pesticides se poursuit et les indicateurs de risque qui y sont associés étaient à la hausse en 2014, malgré l’adoption de la première stratégie phytosanitaire il y a près de 25 ans.” (1) pointe le rapport du Vérificateur. Le même rapport souligne des faits inquiétants tels qu’ “À l’échelle provinciale, il n’y a aucune interdiction pour les produits homologués en milieu agricole”.
Concernant les pesticides systémiques et les néonicotioïdes, le rapport en fait un cas d’exemple de la “ surutilisation de certains pesticides”. Il pointe notamment l’utilisation préventive non justifiée de ces derniers, les risques pour la santé à travers la contamination de l’eau et l’impossibilité de les éviter en rinçant les fruits et légumes.
“Il n’y a aucune certitude que la situation s’améliore puisqu’en suivant le dossier, nous constatons que l’annonce de la stratégie québécoise sur les pesticides en novembre 2015 ne présente aucune garantie sur la réduction effective de l’utilisation des pesticides, qu’elle dépasse déjà les délais fixés de l’hiver 2016 pour le dépôt du projet de loi modifiant la loi sur les pesticides. De plus, elle confie la responsabilité de réduction de l’usage des pesticides aux agronomes pourtant majoritairement employés par les vendeurs de ces mêmes pesticides (2). Bref, un discours d’intention qui ne prend pas la mesure du scandale de santé publique et environnementale.” a déclaré Pascal Priori, porte-parole de l’AIPS.
L’AIPS demande au gouvernement du Québec et du Canada de mettre en œuvre le plus rapidement les recommandations du rapport du vérificateur, dont l’application des principes de précaution et de prévention prévus dans la loi sur le développement durable ; d’interdire les pesticides les plus à risques, d’employer les moyens adéquats pour garantir le respect de ses objectifs et annonces.
(1)Les citations sont issues du
Rapport du Vérificateur général du Québec pour l’année 2016-2017
.
(2) Le rapport souligne le fait que la majorité des agriculteurs ont recours directement aux services des agronomes travaillant pour les vendeurs de pesticides : “ Le coût des services des agronomes de l’industrie est inclus dans le prix des produits vendus aux agriculteurs, alors que 30 % du coût des services doit être assumé par le producteur s’il utilise les services-conseils financés par le MAPAQ.”