Réévaluation du pesticide imidaclopride : une interdiction est nécessaire pour la protection des citoyens et de l’environnement
Montréal, le 23 novembre 2016 – L’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques (AIPS) salue la proposition de Santé Canada d’éliminer progressivement sur trois à cinq ans l’imidaclopride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes. C’est un pas dans la bonne direction même si l’annonce doit être confirmée après la période de consultation. Cette action sort enfin l’ARLA de l’immobilisme sur la question des pesticides systémiques, mais reste en deçà des attentes de bases nécessaires pour une protection des citoyens et de l’environnement.
Toutefois, cette annonce arrive déjà tard et la démarche sera longue, déplore l’AIPS. « La majorité des néonics, dont l’imidaclopride, sont toujours autorisés sur une base temporaire, alors pourquoi ne pas retirer leur homologation le plus rapidement possible? Trois à cinq ans, c’est énorme quand on doute de la sécurité d’un produit. Il faut appliquer le principe de précaution. », a déclaré Pascal Priori, porte-parole de l’AIPS. En effet l’ARLA a autorisé de façon conditionnelle les néonicotinoïdes dont huit d’entre eux ont obtenu cette homologation “temporaire” sur une période de plus de 10 ans (1) . De plus, ce geste intervient trois ans après que l’ARLA ait « conclu que les pratiques agricoles actuelles liées à l’utilisation de semences de maïs et de soja traitées avec des néonicotinoïdes ne sont pas viables. » (2) .
Par ailleurs, Santé Canada ne change aucunement sa méthode d’analyse et de gestion des risques. “Santé Canada adopte une approche incroyablement décalée avec le temps. En effet, des produits à base d’imidaclopride ont été interdits dès 1999 en France. L’approche de réguler ces pesticides plusieurs dizaines d’années après leur homologation est irresponsable”. De plus, l’imidaclopride n’est qu’un des pesticides systémiques dangereux. L’AIPS est d’ailleurs rassurée de savoir que l’agence réglementaire s’intéresse aussi à la clothianidine et au thiaméthoxame.
Enfin, l’Alliance rappelle que les récentes études démontrent que l’utilisation systématique injustifiée des pesticides est inutile dans 95% des cas (3) . L’AIPS demande donc au gouvernement du Canada de :
- retirer l’homologation des pesticides systémiques comme les néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride, thiaméthoxame) et le fipronil;
- De prioriser des solutions antiparasitaires durables telles que la lutte intégrée et l’agroécologie;
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de modifier le processus d’homologation en obligeant la réalisation d’études scientifiques indépendantes permettant d’évaluer tous les effets à long terme des pesticides (effet cocktail, doses sous-létales) sur la biodiversité et la santé.