Il y a quelques semaines, pendant les fêtes, Santé Canada et plus particulièrement l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) annonce une « Mise à jour importante sur les insecticides de la classe des néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame) « .
Ça ressemble à du charabia??
Revenons sur l’annonce et clarifions donc les choses!
Le 19 décembre dernier, l’ARLA annonçait que certains usages marginaux et secondaires (tels que le traitement des pelouses ou certains types de culture qui représentent une faible part des utilisations) de deux pesticides de la classe des néonicotinoïdes, soit la clothianidine et le thiaméthoxame, seront limités et que des informations supplémentaires seront apposées sur les étiquettes. Cela signifie que les cultures céréalières qui emploient les néonics les plus dangereux et les plus utilisées sont laissées de côté. Autrement dit, l’ARLA propose une réglementation marginale alors qu’une interdiction immédiate est nécessaire et urgente.
Pourquoi sommes-nous indigné.e.s par cette situation?
Premièrement: Les néonics, et en particulier la clothianidine et la thiaméthoxame, font partie des pesticides les plus dangereux utilisés aujourd’hui au Canada (à titre d’exemple, la clothianidine est 6 750 fois plus mortelle pour les abeilles que le tristement célèbre DDT interdit au Canada depuis 32 ans). Or, ces néonics sont utilisés massivement dans les champs, se dispersent très facilement dans l’eau , dans les sols et dans l’air. La clothianidine peut même persister dans les champs pendant plus de 18 ans!
Une dangerosité incroyable, largement validée par la communauté scientifique. Ces pesticides sont d’ailleurs sous moratoire ou interdits dans plusieurs pays européens. Dans ces circonstances, on peut se demander sur quelles bases l’ARLA prend-t-elle ses décisions? Il semblerait qu’elle prend surtout en considération des études non publiées des fabricants de pesticides. Dans l’intervalle, les apiculteurs sonnent l’alarme, la biodiversité (insectes, oiseaux, vie aquatique, etc..) poursuit son déclin et nous accumulons vraisemblablement des maladies à notre “insu”. Pourquoi cette négligente cécité de nos institutions publiques? et cette apathie de nous tou.te.s ?
Deuxièmement : notre système agricole dominé par les industriels, piège les agriculteurs par l’endettement et les oriente vers une utilisation large et banalisée de pesticides parmi les plus toxiques. Et ce, alors même que les néonics n’augmentent pas les rendements, ils simplifient plutôt le travail au champs, au détriment de la qualité des sols et d’un savoir-faire qui se perd. De plus, si les agriculteurs s’y opposent, ils se font rappeler qu’ils prennent un risque financier et agricole (un sujet sur lequel semenciers, agronomes non indépendants et financières agricoles s’entendent très bien).
Troisièmement: la manière dont l’ARLA homologue les pesticides est défaillante voire scandaleuse. L’exemple de la dernière mise à jour concernant la clothianidine et le thiaméthoxame est patent. En effet, ces deux néonics font encore l’objet d’une homologation conditionnelle. Cela veut dire qu’ils ne respectent pas les critères de Santé Canada par ailleurs très laxistes.
En terminant, connaissez-vous la cerise sur le sundae? Plusieurs autres néonics et pesticides ne sont carrément pas concernés par une réglementation, aussi timide et lacunaire soit-elle. Citons par exemple le sulfoxaflor, le cétamipride, le dinotéfuran, la thiaclopride ou encore le fipronil.
Bref, si ça vous donne des idées de résolutions tardives pour 2018, contactez-nous!
L’Alliance pour l’interdiction des pesticides