Archives de catégorie : Communiqué de presse

Mémoire de l’AIPS : Sortir de la dépendance aux pesticides

Dans le cadre du Mandat d’initiative sur les pesticides de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN), l’Alliance pour l’interdiction dévoile aujourd’hui son mémoire.

Consulter le mémoire de l’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques « Sortir de la dépendance aux pesticides » à ce lien. Vous y trouverez toutes les références.

Aujourd’hui, le gouvernement dispose de toutes les cartes (rapports, études, sondages) pour démontrer et entamer rapidement une action cohérente dans le dossier des pesticides. Pourtant nous en sommes encore loin. Il est temps d’écouter la population et d’accompagner les agricultrices et agriculteurs du Québec vers une transition agro-écologique.

Le Québec doit cesser de se baser les yeux fermés sur les travaux de Santé Canada étant donné les nombreuses lacunes de l’évaluation des pesticides. Mentionnons notamment le fait que l’évaluation s’appuie sur les études confidentielles de l’industrie et que plusieurs aspects ne sont pas évalués (formulation commerciale, effets synergiques, cumulatifs). De plus, l’exposition professionnelle est considérée de façon très abstraite et la gestion des risques est déléguée aux agriculteurs alors que 45 % d’entre eux ne portent que rarement ou jamais des vêtements de protection lors de l’utilisation des pesticides 1 .

L’agro-industrie est celle qui profite des pesticides, pas les familles agricoles qui font vivre le Québec rural. Les coûts payés par les agriculteurs pour les pesticides ont augmenté de 397 % au Québec depuis 1971. Alors que l’utilisation systématique de pesticides comme les néonicotinoïdes est inutile dans 94 % des cas . L’industrie en situation d’oligopole et ses agronomes liés ont aujourd’hui beaucoup trop d’influence.

Pourtant, en 2017, déjà 88 % des Québécois interrogés se disaient préoccupés par les conséquences des résidus de pesticides sur leur santé et celle de l’environnement, selon un sondage commandé par le MAPAQ . Les consommateurs sont aujourd’hui prêts à manger local et biologique pour leur santé et celle de l’environnement.

La situation environnementale n’a jamais été aussi critique et les scientifiques sont unanimes : l’humanité fait face à deux défis majeurs : les changements climatiques et l’effondrement de la biodiversité. On estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Or, l’agriculture industrielle, qui associe intrants chimiques et monocultures, a une responsabilité majeure dans ces deux catastrophes.

Pour Pascal Priori, porte-parole de l’AIPS, « le Québec est en voie de rater une transition majeure qui pourrait le placer du bon côté de l’histoire. Sur les sommes allouées à la politique bioalimentaire, seulement 2,5 % sont allouées aux efforts de réduction des pesticides. Entamer une transition agroécologique, c’est redonner de la fierté aux Québécoises et Québécois qui sont aujourd’hui perçus à l’international comme les pires utilisateurs de pesticides à cause du Canada. Sommes-nous prêts à prendre le risque que demain, les produits québécois soient boycottés à cause des pesticides ? ». L’agriculture est un des leviers de souveraineté nationale essentiels. Désormais, les techniques agricoles les plus innovantes sont celles qui se passent de pesticides chimiques. Cette transition représente une opportunité exceptionnelle.

Une audition annulée

Alors que l’AIPS devait faire partie des groupes auditionnés, des problèmes techniques propres à l’Assemblée Nationale, ont empêché une participation pourtant prévue à distance depuis le début. L’AIPS est fière de céder sa participation à l’ Union Paysanne membre de l’AIPS.

Fusion Monsanto-Bayer : une perte de contrôle alarmante sur le secteur agricole et alimentaire.

Montréal, le 31 mai 2018 : Le Bureau de la concurrence Canada vient d’approuver la fusion des entreprises Bayer et Monsanto, autorisant ainsi la création de la plus grande entreprise de pesticides et de semence au monde. « C’est du jamais vu en terme de contrôle corporatif sur l’agriculture à travers les semences et pesticides » déclare Pascal Priori, président de Vigilance OGM.

Concentration de pouvoirs sur l’agriculture sans précédent dans l’histoire.

L’acquisition de Monsanto par Bayer au prix inégalé de 66 milliards de dollars US donne à la nouvelle entité le contrôle d’environ 31 % du marché des semences commerciales et 26 % de celui des pesticides agricoles. Quant aux concessions obtenues par le Bureau de la concurrence,  elles sont insignifiantes puisque la vente de certains actifs de Bayer se fera fort probablement à un autre géant : BASF.

Les grandes sociétés Dow et Dupont se sont déjà entendues pour fusionner et l’entreprise étatique chinoise ChemChina a acheté Syngenta. En autorisant la fusion de Bayer et Monsanto, ces trois grandes sociétés nouvellement formées contrôlent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales (1).

Des conséquences désastreuses

L’impact sur le système agricole s’annonce désastreux. « Les semences sont le cœur de notre système alimentaire. Si vous contrôlez les semences, vous contrôler les agriculteurs et l’alimentation » déclare Jane Rabinowicz d’USC Canada. « L’accroissement du contrôle corporatif sur les semences a des conséquences désastreuses sur la diversité des semences et notre capacité d’adaptation aux changements climatiques » ajoute-t-elle.

Par exemple, Vigilance OGM révèle dans une analyse exclusive la hausse importante du prix de semences au Québec compte tenu de l’actuelle concentration du marché. Dans le cas du soya, le prix des semences génétiquement modifiées était environ 50 % plus cher en 2016 et 2017 que les semences de soya conventionnel. De plus, entre 2011 et 2017, le prix des semences soya GM a augmenté de 23,5 % et celui des semences conventionnelles a augmenté de 20,6% (2).

Les principales organisations agricoles du Québec, l’Union Paysanne mais également l’Union des producteurs agricoles craignent le pire. « Alors que le nombre de fermes au Québec diminue d’année en année, les grandes entreprises s’approprient le pouvoir de décider des semences et pesticides des agriculteurs et y compris pour une partie des semences et intrants de l’agriculture biologique. C’est une atteinte directe à la souveraineté alimentaire du Québec » déclare Maxime Laplante président de l’Union Paysanne. Cette tendance est corroborée par l’évolution du nombre d’exploitations agricoles au Canada qui a diminué de 47,1 % entre 1971 à 2016.

« Il est clair que cette situation d’oligopole va accroître le prix et réduire le choix des semences et intrants au détriment de la liberté des agriculteurs. Cela va également accroître encore plus le contrôle de quelques entreprises sur la recherche publique en agriculture (3). Le Québec et le Canada font encore preuve d’une docilité exemplaire envers les grandes entreprises agricoles. Cette décision va exactement à l’encontre de la volonté des consommateurs d’accroître l’accès à des productions locales, biologiques, et sans OGM et celle des agriculteurs de pouvoir faire les choix de base et de vivre sereinement de leur production », résume Pascal Priori, Président de Vigilance OGM.

Alors que les pesticides et les OGM sont plus utilisés que jamais dans l’histoire du Canada, cette nouvelle renforce encore plus la dépossession de notre système alimentaire pour le profit de quelques entreprises.

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Pour plus d’information :

Vigilance OGM , Union Paysanne, USC Canada , Réseau canadien d’action sur les biotechnologies , Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques

Note:

Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) et Vigilance OGM, avaient, dès 2016, demandé au bureau de la concurrence d’évaluer l’impact de cette concentration incroyable sur le secteur agricole. Cette requête est toujours sans suite (4).

Références:

(1) Selon des données de 2014 cités par le Groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) dans son rapport : IPES-Food. 2017. Too big to feed: Exploring the impacts of mega-mergers, concentration, concentration of power in the agri-food sector.

(2) Analyse de Vigilance OGM: Monsanto-Bayer : Conséquences alarmantes pour les agriculteurs au Québec

(3)  L’enquête OGM sortie en 2015 précisait déjà : « On entend souvent que les agriculteurs partout dans le monde adoptent les cultures GM parce qu’ils ont choisi d’acheter des semences GM et que les cultures GM leur offrent plus de choix. Mais la concentration du marché des semences signifie que l’introduction de semences GM est souvent suivie du retrait de variétés non GM et de la diminution des options offertes aux agriculteurs. Ainsi, au Canada, 80 % des 120 variétés enregistrée de canola étaient non GM en 2000. En 2007, on ne trouvait plus que cinq variétés de canola non GM sur le marché. Puisque que l’on retire des variétés non GM petit à petit, et parce que les caractéristiques GM sont insérés dans des cultures classiques déjà dotées des meilleures caractéristiques de rendement, l’achat de semences GM est souvent le seul moyen pour les agriculteurs de se procurer des variétés modernes à rendement élevé. De plus, quand les entreprises déshomologuent des variétés anciennes au Canada, les agriculteurs qui conservaient ces semences et les utilisaient ont perdu la capacité de le faire. »
Cette concentration s’accompagne d’un désinvestissement massif de la recherche publique en agriculture : « Au début des années 1980, le secteur public du Canada était responsable de 95 % de la sélection des végétaux et de 100 % de la sélection des cultures céréalières et oléagineuses. Dans les vingt dernières années, le gouvernement canadien a démantelé une grande partie de l’infrastructure publique de la sélection des végétaux au Canada et confié cette responsabilité au secteur privé. » RCAB. 2015. Rapport 4 Les OGM sont-ils bénéfiques pour les agriculteurs?

(4) Commentaires soumis en 2016 au Bureau de la concurrence Canada

Funérailles de la biodiversité : Communiqué de presse

Des centaines de personnes aux Funérailles de la biodiversité

Un cercueil contenant des abeilles mortes comme symbole de la biodiversité

Québec, le 19 mai 2018 – Dans le cadre de la journée mondiale contre Monsanto, des centaines de personnes se sont rassemblées lors des funérailles de la biodiversité organisées à Québec le samedi 19 mai, afin de dénoncer le contrôle corporatif de notre agriculture et de notre alimentation, ainsi que l’utilisation de plus en plus importante de pesticides au Québec et au Canada. D’autres marches sont simultanéments organisées notamment à Saint-George et dans le reste du monde.

L’agriculture industrielle tue en silence : un deuil en guise de sonnette d’alarme

Les citoyennes et citoyens étaient nombreux à porter une tenue de deuil pour envoyer un message fort aux députés-es provinciaux et fédéraux. La biodiversité ne cesse de s’effondrer et les scientifiques nous alertent que la sixième extinction de masse est en cours. Seulement au Canada, la moitié des espèces de vertébrés contrôlées a connu un déclin de 83%, en moyenne, entre 1970 et 2014 (1).

« Nous sommes à un moment décisif où l’agriculture industrielle tue en silence. Les pesticides, les monocultures extensives dont les cultures d’OGM, les élevages intensifs sont responsables de la contamination de nos cours d’eau et de nos sols. Cela détruit les écosystèmes et les espèces bénéfiques à l’agriculture même! », déclare Pascal Priori, Président de Vigilance OGM.

Concernant la santé humaine, de plus en plus d’études démontrent la hausse fulgurante de nombreuses maladies, comme les cancers, les troubles du spectre de l’autisme ou des maladies neurodégénératives telles que le Parkinson. Les premières victimes sont les agriculteurs et leurs familles, mais cela touche toute la population (2, 3, 4).

Bayer-Monsanto : symbole des dérives de l’agriculture industrielle.

L’acquisition de Monsanto par Bayer vient intensifier la concentration des entreprises agrochimiques. Avec Dow/DuPont et ChemChina/Syngenta, deux autres grandes sociétés récemment formées, le trio contrôle à présent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales (5).

Nous acceptons de perdre le contrôle sur notre alimentation au profit de grands groupes qui ne se préoccupent pas de la survie d’une agriculture familiale et qui ne respectent ni notre santé, ni celle de l’environnement (6). « C’est du jamais vu en termes de contrôle corporatif sur l’agriculture à travers les semences et pesticides. Les agriculteurs sont limités en termes de choix et deviennent, par le fait même, de plus en plus dépendants », déclare Maxime Laplante de l’Union Paysanne.

Un manque de vision politique alors que les solutions existent

La population souhaite davantage de productions biologiques, et pourtant, le gouvernement du Québec comme celui du Canada continue de subventionner davantage l’agriculture industrielle, tandis que les consommateurs n’ont d’autres choix que de se rabattre sur des produits importés.

« La nouvelle Politique bioalimentaire présentée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec le mois dernier rate encore une fois l’opportunité de proposer un virage pour soutenir la transition vers une agriculture durable. Pourtant, l’inaction coûtera plus cher que la transition. Plusieurs partis politiques ne semblent pas avoir de vision sur la question de la concentration des entreprises agroalimentaires et les pesticides. Aujourd’hui, le PLQ, la CAQ et le PQ ne proposent aucune nouvelle solution », ajoute Pascal Priori

Les organisateurs appellent donc tous les partis politiques à se saisir de ces enjeux pour garantir une souveraineté alimentaire durable au Québec et au Canada. En particulier, de financer la transition vers une agriculture durable, soutenir une agriculture à petite échelle, mettre en place l’étiquetage obligatoire des OGM et des pesticides, interdire l’acquisition de Monsanto par Bayer, bannir tous les pesticides dangereux (glyphosate et tous les néonicotinoïdes) ainsi que de redéfinir le cadre d’homologation de tous les pesticides. Il est temps de valoriser les agriculteurs/trices en leur donnant les moyens de produire durablement des produits de qualité accessibles à l’ensemble de la population.

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Références:

(1) Pour la moitié des espèces de vertébrés contrôlées, l’indice Planète vivante (WWF)  révèle, en moyenne, un déclin de 83 % entre 1970 et 2014. (WWF, 2017)
(2) Alors que l’industrie des pesticides affirme que ses produits sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale en pleine croissance, un rapport de l’ONU conclut qu’il s’agit carrément d’un mythe. ( Le Devoir, 2017 ) Rapport ONU 2017
(3) parmi les pesticides sur le marché, on trouve des produits classés cancérogènes, mutagènes (pouvant produire ou augmenter la fréquence de défauts génétiques héréditaires) ou reprotoxiques (nocifs pour la fertilité), ainsi que de possibles perturbateurs endocriniens, capables d’interférer avec le système hormonal, même à des niveaux d’exposition très faibles. ( Le Monde, 2016 )
(4) L’incidence de la maladie de Parkinson est 10 % plus élevée dans les cantons viticoles français par rapport aux cantons sans viticultures. ( La Presse, 2018 )
(5) Trois grandes sociétés nouvellement formées contrôlent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences. (IPES-Food, 2017 )
(6) Les “Monsanto papers” ont permis de révéler les pratiques extrêmes de Monsanto. ( Le Monde, 2017 )