L’illusion d’action du gouvernement du Québec sur les pesticides

Une annonce tardive

Montréal, le lundi 19 février 2018 L’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques (AIPS) déplore les demi-réformes enfin adoptées et demande que les mesures nécessaires à la protection de notre santé et de l’environnement soient mises en oeuvres par le  gouvernement du Québec.

Presque trois ans après l’annonce de la Stratégie gouvernementale sur les pesticides 2015-2018 , le gouvernement annonce enfin une première action. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques propose de modifier le Code de gestion des pesticides et le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides.

L’annonce confirme une vision largement insuffisante du problème de la surutilisation abusive et systématique des pesticides systémiques au Québec et ne prend pas en compte les inquiétants constats dressés par le vérificateur général dans son rapport sur le sujet .

Un règlement partiel

Tandis que la vente de pesticides ne cesse d’augmenter, le gouvernement propose de limiter seulement l’utilisation d’une poignée de pesticides appliqués sur des cultures bien spécifiques. En revanche, de nombreuses molécules dont les effets toxiques sont largement documentés par les scientifiques restent en vente libre et continuent de s’accumuler dans notre eau, nos sols et nos aliments. “Comment expliquer que le gouvernement n’inclue pas le fipronil, le sulfoxaflor ou le glyphosate, par exemple? En effet, en réglementant par molécule, le gouvernement accepte de laisser le champ libre aux fabricants et distributeurs de pesticides, qui développent chaque jour de nouveaux produits” fait remarquer Pascal Priori, porte parole de l’AIPS. De plus, le règlement publié ne gère pas l’enjeu, pourtant maintes fois évoqué, des conflits d’intérêts des agronomes liés à l’industrie. Pourtant, l’Ontario a mis en place des mécanismes afin de limiter cela.

Les réactions négatives du représentant des Producteurs de Grain du Québec sont étonnantes car il est très clair qu’elles ignorent le fait que dans 95% des cas, les semences enrobées sont inutiles et que les producteurs sauveraient de l’argent en cessant de suivre les compagnies de pesticides. Alors que la Stratégie 2015-2018 arrive à échéance cette année, il ne semble pas que la modification de la loi sur les pesticides soit à l’ordre du jour. C’était pourtant un élément essentiel de la stratégie annoncée en 2015. “Le gouvernement réglemente de façon extrêmement partielle, sans se doter de moyens de contrôle, et il ne respecte même pas son propre échéancier” résume Pascal Priori.

Les alternatives existent

L’AIPS qui avait fait part de ses recommandations au MDDELCC dans le cadre des consultations autour du réglement,  souhaite favoriser une agriculture davantage biologique, régénératrice et de proximité où un sol en santé procure une nourriture de qualité. Alors que la majorité des pesticides sont utilisés en excès sans dépistage ou besoin, l’AIPS prône un modèle agricole qui utilise les synergies écosystémiques en optant pour des pratiques culturales telles que la lutte intégrée, la lutte biologique, la rotation des cultures intégrant les engrais verts, le non-labour, les couvres-sols et les pâturages rotationnels intensifs.

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L’inaction du gouvernement en matière de réduction de l’usage des pesticides