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Mémoire de l’AIPS : Sortir de la dépendance aux pesticides

Dans le cadre du Mandat d’initiative sur les pesticides de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN), l’Alliance pour l’interdiction dévoile aujourd’hui son mémoire.

Consulter le mémoire de l’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques « Sortir de la dépendance aux pesticides » à ce lien. Vous y trouverez toutes les références.

Aujourd’hui, le gouvernement dispose de toutes les cartes (rapports, études, sondages) pour démontrer et entamer rapidement une action cohérente dans le dossier des pesticides. Pourtant nous en sommes encore loin. Il est temps d’écouter la population et d’accompagner les agricultrices et agriculteurs du Québec vers une transition agro-écologique.

Le Québec doit cesser de se baser les yeux fermés sur les travaux de Santé Canada étant donné les nombreuses lacunes de l’évaluation des pesticides. Mentionnons notamment le fait que l’évaluation s’appuie sur les études confidentielles de l’industrie et que plusieurs aspects ne sont pas évalués (formulation commerciale, effets synergiques, cumulatifs). De plus, l’exposition professionnelle est considérée de façon très abstraite et la gestion des risques est déléguée aux agriculteurs alors que 45 % d’entre eux ne portent que rarement ou jamais des vêtements de protection lors de l’utilisation des pesticides 1 .

L’agro-industrie est celle qui profite des pesticides, pas les familles agricoles qui font vivre le Québec rural. Les coûts payés par les agriculteurs pour les pesticides ont augmenté de 397 % au Québec depuis 1971. Alors que l’utilisation systématique de pesticides comme les néonicotinoïdes est inutile dans 94 % des cas . L’industrie en situation d’oligopole et ses agronomes liés ont aujourd’hui beaucoup trop d’influence.

Pourtant, en 2017, déjà 88 % des Québécois interrogés se disaient préoccupés par les conséquences des résidus de pesticides sur leur santé et celle de l’environnement, selon un sondage commandé par le MAPAQ . Les consommateurs sont aujourd’hui prêts à manger local et biologique pour leur santé et celle de l’environnement.

La situation environnementale n’a jamais été aussi critique et les scientifiques sont unanimes : l’humanité fait face à deux défis majeurs : les changements climatiques et l’effondrement de la biodiversité. On estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Or, l’agriculture industrielle, qui associe intrants chimiques et monocultures, a une responsabilité majeure dans ces deux catastrophes.

Pour Pascal Priori, porte-parole de l’AIPS, « le Québec est en voie de rater une transition majeure qui pourrait le placer du bon côté de l’histoire. Sur les sommes allouées à la politique bioalimentaire, seulement 2,5 % sont allouées aux efforts de réduction des pesticides. Entamer une transition agroécologique, c’est redonner de la fierté aux Québécoises et Québécois qui sont aujourd’hui perçus à l’international comme les pires utilisateurs de pesticides à cause du Canada. Sommes-nous prêts à prendre le risque que demain, les produits québécois soient boycottés à cause des pesticides ? ». L’agriculture est un des leviers de souveraineté nationale essentiels. Désormais, les techniques agricoles les plus innovantes sont celles qui se passent de pesticides chimiques. Cette transition représente une opportunité exceptionnelle.

Une audition annulée

Alors que l’AIPS devait faire partie des groupes auditionnés, des problèmes techniques propres à l’Assemblée Nationale, ont empêché une participation pourtant prévue à distance depuis le début. L’AIPS est fière de céder sa participation à l’ Union Paysanne membre de l’AIPS.

Fusion Monsanto-Bayer : une perte de contrôle alarmante sur le secteur agricole et alimentaire.

Montréal, le 31 mai 2018 : Le Bureau de la concurrence Canada vient d’approuver la fusion des entreprises Bayer et Monsanto, autorisant ainsi la création de la plus grande entreprise de pesticides et de semence au monde. « C’est du jamais vu en terme de contrôle corporatif sur l’agriculture à travers les semences et pesticides » déclare Pascal Priori, président de Vigilance OGM.

Concentration de pouvoirs sur l’agriculture sans précédent dans l’histoire.

L’acquisition de Monsanto par Bayer au prix inégalé de 66 milliards de dollars US donne à la nouvelle entité le contrôle d’environ 31 % du marché des semences commerciales et 26 % de celui des pesticides agricoles. Quant aux concessions obtenues par le Bureau de la concurrence,  elles sont insignifiantes puisque la vente de certains actifs de Bayer se fera fort probablement à un autre géant : BASF.

Les grandes sociétés Dow et Dupont se sont déjà entendues pour fusionner et l’entreprise étatique chinoise ChemChina a acheté Syngenta. En autorisant la fusion de Bayer et Monsanto, ces trois grandes sociétés nouvellement formées contrôlent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales (1).

Des conséquences désastreuses

L’impact sur le système agricole s’annonce désastreux. « Les semences sont le cœur de notre système alimentaire. Si vous contrôlez les semences, vous contrôler les agriculteurs et l’alimentation » déclare Jane Rabinowicz d’USC Canada. « L’accroissement du contrôle corporatif sur les semences a des conséquences désastreuses sur la diversité des semences et notre capacité d’adaptation aux changements climatiques » ajoute-t-elle.

Par exemple, Vigilance OGM révèle dans une analyse exclusive la hausse importante du prix de semences au Québec compte tenu de l’actuelle concentration du marché. Dans le cas du soya, le prix des semences génétiquement modifiées était environ 50 % plus cher en 2016 et 2017 que les semences de soya conventionnel. De plus, entre 2011 et 2017, le prix des semences soya GM a augmenté de 23,5 % et celui des semences conventionnelles a augmenté de 20,6% (2).

Les principales organisations agricoles du Québec, l’Union Paysanne mais également l’Union des producteurs agricoles craignent le pire. « Alors que le nombre de fermes au Québec diminue d’année en année, les grandes entreprises s’approprient le pouvoir de décider des semences et pesticides des agriculteurs et y compris pour une partie des semences et intrants de l’agriculture biologique. C’est une atteinte directe à la souveraineté alimentaire du Québec » déclare Maxime Laplante président de l’Union Paysanne. Cette tendance est corroborée par l’évolution du nombre d’exploitations agricoles au Canada qui a diminué de 47,1 % entre 1971 à 2016.

« Il est clair que cette situation d’oligopole va accroître le prix et réduire le choix des semences et intrants au détriment de la liberté des agriculteurs. Cela va également accroître encore plus le contrôle de quelques entreprises sur la recherche publique en agriculture (3). Le Québec et le Canada font encore preuve d’une docilité exemplaire envers les grandes entreprises agricoles. Cette décision va exactement à l’encontre de la volonté des consommateurs d’accroître l’accès à des productions locales, biologiques, et sans OGM et celle des agriculteurs de pouvoir faire les choix de base et de vivre sereinement de leur production », résume Pascal Priori, Président de Vigilance OGM.

Alors que les pesticides et les OGM sont plus utilisés que jamais dans l’histoire du Canada, cette nouvelle renforce encore plus la dépossession de notre système alimentaire pour le profit de quelques entreprises.

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Pour plus d’information :

Vigilance OGM , Union Paysanne, USC Canada , Réseau canadien d’action sur les biotechnologies , Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques

Note:

Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) et Vigilance OGM, avaient, dès 2016, demandé au bureau de la concurrence d’évaluer l’impact de cette concentration incroyable sur le secteur agricole. Cette requête est toujours sans suite (4).

Références:

(1) Selon des données de 2014 cités par le Groupe international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) dans son rapport : IPES-Food. 2017. Too big to feed: Exploring the impacts of mega-mergers, concentration, concentration of power in the agri-food sector.

(2) Analyse de Vigilance OGM: Monsanto-Bayer : Conséquences alarmantes pour les agriculteurs au Québec

(3)  L’enquête OGM sortie en 2015 précisait déjà : « On entend souvent que les agriculteurs partout dans le monde adoptent les cultures GM parce qu’ils ont choisi d’acheter des semences GM et que les cultures GM leur offrent plus de choix. Mais la concentration du marché des semences signifie que l’introduction de semences GM est souvent suivie du retrait de variétés non GM et de la diminution des options offertes aux agriculteurs. Ainsi, au Canada, 80 % des 120 variétés enregistrée de canola étaient non GM en 2000. En 2007, on ne trouvait plus que cinq variétés de canola non GM sur le marché. Puisque que l’on retire des variétés non GM petit à petit, et parce que les caractéristiques GM sont insérés dans des cultures classiques déjà dotées des meilleures caractéristiques de rendement, l’achat de semences GM est souvent le seul moyen pour les agriculteurs de se procurer des variétés modernes à rendement élevé. De plus, quand les entreprises déshomologuent des variétés anciennes au Canada, les agriculteurs qui conservaient ces semences et les utilisaient ont perdu la capacité de le faire. »
Cette concentration s’accompagne d’un désinvestissement massif de la recherche publique en agriculture : « Au début des années 1980, le secteur public du Canada était responsable de 95 % de la sélection des végétaux et de 100 % de la sélection des cultures céréalières et oléagineuses. Dans les vingt dernières années, le gouvernement canadien a démantelé une grande partie de l’infrastructure publique de la sélection des végétaux au Canada et confié cette responsabilité au secteur privé. » RCAB. 2015. Rapport 4 Les OGM sont-ils bénéfiques pour les agriculteurs?

(4) Commentaires soumis en 2016 au Bureau de la concurrence Canada

Funérailles de la biodiversité : Communiqué de presse

Des centaines de personnes aux Funérailles de la biodiversité

Un cercueil contenant des abeilles mortes comme symbole de la biodiversité

Québec, le 19 mai 2018 – Dans le cadre de la journée mondiale contre Monsanto, des centaines de personnes se sont rassemblées lors des funérailles de la biodiversité organisées à Québec le samedi 19 mai, afin de dénoncer le contrôle corporatif de notre agriculture et de notre alimentation, ainsi que l’utilisation de plus en plus importante de pesticides au Québec et au Canada. D’autres marches sont simultanéments organisées notamment à Saint-George et dans le reste du monde.

L’agriculture industrielle tue en silence : un deuil en guise de sonnette d’alarme

Les citoyennes et citoyens étaient nombreux à porter une tenue de deuil pour envoyer un message fort aux députés-es provinciaux et fédéraux. La biodiversité ne cesse de s’effondrer et les scientifiques nous alertent que la sixième extinction de masse est en cours. Seulement au Canada, la moitié des espèces de vertébrés contrôlées a connu un déclin de 83%, en moyenne, entre 1970 et 2014 (1).

« Nous sommes à un moment décisif où l’agriculture industrielle tue en silence. Les pesticides, les monocultures extensives dont les cultures d’OGM, les élevages intensifs sont responsables de la contamination de nos cours d’eau et de nos sols. Cela détruit les écosystèmes et les espèces bénéfiques à l’agriculture même! », déclare Pascal Priori, Président de Vigilance OGM.

Concernant la santé humaine, de plus en plus d’études démontrent la hausse fulgurante de nombreuses maladies, comme les cancers, les troubles du spectre de l’autisme ou des maladies neurodégénératives telles que le Parkinson. Les premières victimes sont les agriculteurs et leurs familles, mais cela touche toute la population (2, 3, 4).

Bayer-Monsanto : symbole des dérives de l’agriculture industrielle.

L’acquisition de Monsanto par Bayer vient intensifier la concentration des entreprises agrochimiques. Avec Dow/DuPont et ChemChina/Syngenta, deux autres grandes sociétés récemment formées, le trio contrôle à présent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences commerciales (5).

Nous acceptons de perdre le contrôle sur notre alimentation au profit de grands groupes qui ne se préoccupent pas de la survie d’une agriculture familiale et qui ne respectent ni notre santé, ni celle de l’environnement (6). « C’est du jamais vu en termes de contrôle corporatif sur l’agriculture à travers les semences et pesticides. Les agriculteurs sont limités en termes de choix et deviennent, par le fait même, de plus en plus dépendants », déclare Maxime Laplante de l’Union Paysanne.

Un manque de vision politique alors que les solutions existent

La population souhaite davantage de productions biologiques, et pourtant, le gouvernement du Québec comme celui du Canada continue de subventionner davantage l’agriculture industrielle, tandis que les consommateurs n’ont d’autres choix que de se rabattre sur des produits importés.

« La nouvelle Politique bioalimentaire présentée par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec le mois dernier rate encore une fois l’opportunité de proposer un virage pour soutenir la transition vers une agriculture durable. Pourtant, l’inaction coûtera plus cher que la transition. Plusieurs partis politiques ne semblent pas avoir de vision sur la question de la concentration des entreprises agroalimentaires et les pesticides. Aujourd’hui, le PLQ, la CAQ et le PQ ne proposent aucune nouvelle solution », ajoute Pascal Priori

Les organisateurs appellent donc tous les partis politiques à se saisir de ces enjeux pour garantir une souveraineté alimentaire durable au Québec et au Canada. En particulier, de financer la transition vers une agriculture durable, soutenir une agriculture à petite échelle, mettre en place l’étiquetage obligatoire des OGM et des pesticides, interdire l’acquisition de Monsanto par Bayer, bannir tous les pesticides dangereux (glyphosate et tous les néonicotinoïdes) ainsi que de redéfinir le cadre d’homologation de tous les pesticides. Il est temps de valoriser les agriculteurs/trices en leur donnant les moyens de produire durablement des produits de qualité accessibles à l’ensemble de la population.

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Références:

(1) Pour la moitié des espèces de vertébrés contrôlées, l’indice Planète vivante (WWF)  révèle, en moyenne, un déclin de 83 % entre 1970 et 2014. (WWF, 2017)
(2) Alors que l’industrie des pesticides affirme que ses produits sont essentiels pour assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale en pleine croissance, un rapport de l’ONU conclut qu’il s’agit carrément d’un mythe. ( Le Devoir, 2017 ) Rapport ONU 2017
(3) parmi les pesticides sur le marché, on trouve des produits classés cancérogènes, mutagènes (pouvant produire ou augmenter la fréquence de défauts génétiques héréditaires) ou reprotoxiques (nocifs pour la fertilité), ainsi que de possibles perturbateurs endocriniens, capables d’interférer avec le système hormonal, même à des niveaux d’exposition très faibles. ( Le Monde, 2016 )
(4) L’incidence de la maladie de Parkinson est 10 % plus élevée dans les cantons viticoles français par rapport aux cantons sans viticultures. ( La Presse, 2018 )
(5) Trois grandes sociétés nouvellement formées contrôlent plus de 71 % des ventes mondiales de pesticides et près de 61 % des ventes de semences. (IPES-Food, 2017 )
(6) Les “Monsanto papers” ont permis de révéler les pratiques extrêmes de Monsanto. ( Le Monde, 2017 )

Conférence dans la Semaine pour les alternatives aux pesticides

Les pesticides en agriculture, un mal nécessaire?

Présentation-discussion sur l’enjeu des pesticides en agriculture

Mercredi 21 mars à 18h30, au Café du Pain et des Roses ( 1951, rue Saint-Zotique Est )

Cette présentation-discussion se veut une introduction sur les pesticides en agriculture. Tout en laissant une place plus importante aux présentateurs-trices, cet espace vise à favoriser les échanges et le partage des connaissances entre les participant-e-s.

Avec:
Pascal Priori, Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques
Andreas Rerych et Sophie Boulerice, Ferme maraîchaire Terra Millefolia

Prenez note que le nombre de places est limité.
Information et inscription: [email protected] om

L’illusion d’action du gouvernement du Québec sur les pesticides

Une annonce tardive

Montréal, le lundi 19 février 2018 L’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques (AIPS) déplore les demi-réformes enfin adoptées et demande que les mesures nécessaires à la protection de notre santé et de l’environnement soient mises en oeuvres par le  gouvernement du Québec.

Presque trois ans après l’annonce de la Stratégie gouvernementale sur les pesticides 2015-2018 , le gouvernement annonce enfin une première action. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques propose de modifier le Code de gestion des pesticides et le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides.

L’annonce confirme une vision largement insuffisante du problème de la surutilisation abusive et systématique des pesticides systémiques au Québec et ne prend pas en compte les inquiétants constats dressés par le vérificateur général dans son rapport sur le sujet .

Un règlement partiel

Tandis que la vente de pesticides ne cesse d’augmenter, le gouvernement propose de limiter seulement l’utilisation d’une poignée de pesticides appliqués sur des cultures bien spécifiques. En revanche, de nombreuses molécules dont les effets toxiques sont largement documentés par les scientifiques restent en vente libre et continuent de s’accumuler dans notre eau, nos sols et nos aliments. “Comment expliquer que le gouvernement n’inclue pas le fipronil, le sulfoxaflor ou le glyphosate, par exemple? En effet, en réglementant par molécule, le gouvernement accepte de laisser le champ libre aux fabricants et distributeurs de pesticides, qui développent chaque jour de nouveaux produits” fait remarquer Pascal Priori, porte parole de l’AIPS. De plus, le règlement publié ne gère pas l’enjeu, pourtant maintes fois évoqué, des conflits d’intérêts des agronomes liés à l’industrie. Pourtant, l’Ontario a mis en place des mécanismes afin de limiter cela.

Les réactions négatives du représentant des Producteurs de Grain du Québec sont étonnantes car il est très clair qu’elles ignorent le fait que dans 95% des cas, les semences enrobées sont inutiles et que les producteurs sauveraient de l’argent en cessant de suivre les compagnies de pesticides. Alors que la Stratégie 2015-2018 arrive à échéance cette année, il ne semble pas que la modification de la loi sur les pesticides soit à l’ordre du jour. C’était pourtant un élément essentiel de la stratégie annoncée en 2015. “Le gouvernement réglemente de façon extrêmement partielle, sans se doter de moyens de contrôle, et il ne respecte même pas son propre échéancier” résume Pascal Priori.

Les alternatives existent

L’AIPS qui avait fait part de ses recommandations au MDDELCC dans le cadre des consultations autour du réglement,  souhaite favoriser une agriculture davantage biologique, régénératrice et de proximité où un sol en santé procure une nourriture de qualité. Alors que la majorité des pesticides sont utilisés en excès sans dépistage ou besoin, l’AIPS prône un modèle agricole qui utilise les synergies écosystémiques en optant pour des pratiques culturales telles que la lutte intégrée, la lutte biologique, la rotation des cultures intégrant les engrais verts, le non-labour, les couvres-sols et les pâturages rotationnels intensifs.

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L’inaction du gouvernement en matière de réduction de l’usage des pesticides

La mise à jour illusoire de Santé Canada

Il y a quelques semaines, pendant les fêtes, Santé Canada et plus particulièrement l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) annonce une « Mise à jour importante sur les insecticides de la classe des néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame) « .

Ça ressemble à du charabia??

Revenons sur l’annonce et clarifions donc les choses!

Le 19 décembre dernier, l’ARLA annonçait que certains usages marginaux et secondaires (tels que le traitement des pelouses ou certains types de culture qui représentent une faible part des utilisations) de deux pesticides de la classe des néonicotinoïdes, soit la clothianidine et le thiaméthoxame, seront limités et que des informations supplémentaires seront apposées sur les étiquettes. Cela signifie que  les cultures céréalières qui emploient les néonics les plus dangereux et les plus utilisées sont laissées de côté. Autrement dit, l’ARLA propose une réglementation marginale alors qu’une interdiction immédiate est nécessaire et urgente.

Étiquette d’un insecticide à base de Thiamethoxam

Pourquoi sommes-nous indigné.e.s par cette situation?

Premièrement: Les néonics, et en particulier la clothianidine et la thiaméthoxame, font partie des pesticides les plus dangereux utilisés aujourd’hui au Canada (à titre d’exemple, la clothianidine est 6 750 fois plus mortelle pour les abeilles que le tristement célèbre DDT interdit au Canada depuis 32 ans). Or, ces néonics sont utilisés massivement dans les champs, se dispersent très facilement dans l’eau , dans les sols et dans l’air. La clothianidine peut même persister dans les champs pendant plus de 18 ans!

Une dangerosité incroyable, largement validée par la communauté scientifique. Ces pesticides sont d’ailleurs sous moratoire ou interdits dans plusieurs pays européens. Dans ces circonstances, on peut se demander sur quelles bases l’ARLA prend-t-elle ses décisions? Il semblerait qu’elle prend surtout en considération des études non publiées des fabricants de pesticides. Dans l’intervalle, les apiculteurs sonnent l’alarme, la biodiversité (insectes, oiseaux, vie aquatique, etc..) poursuit son déclin et nous accumulons vraisemblablement des maladies à notre “insu”. Pourquoi cette négligente cécité de nos institutions publiques? et cette apathie de nous tou.te.s ?

Deuxièmement : notre système agricole dominé par les industriels, piège les agriculteurs par l’endettement et les oriente vers une utilisation large et banalisée de pesticides parmi les plus toxiques. Et ce, alors même que les néonics n’augmentent pas les rendements, ils simplifient plutôt le travail au champs, au détriment de la qualité des sols et d’un savoir-faire qui se perd. De plus, si les agriculteurs s’y opposent, ils se font rappeler qu’ils prennent un risque financier et agricole (un sujet sur lequel semenciers, agronomes non indépendants et financières agricoles s’entendent très bien).

Troisièmement: la manière dont l’ARLA homologue les pesticides est défaillante voire scandaleuse. L’exemple de la dernière mise à jour concernant la clothianidine et le thiaméthoxame est patent. En effet, ces deux néonics font encore l’objet d’une homologation conditionnelle. Cela veut dire qu’ils ne respectent pas les critères de Santé Canada par ailleurs très laxistes.

En terminant, connaissez-vous la cerise sur le sundae? Plusieurs autres néonics et pesticides ne sont carrément pas concernés par une réglementation, aussi timide et lacunaire soit-elle. Citons par exemple le sulfoxaflor, le cétamipride, le dinotéfuran, la  thiaclopride ou encore le fipronil.

Bref, si ça vous donne des idées de résolutions tardives pour 2018, contactez-nous!

L’Alliance pour l’interdiction des pesticides

Une apicultrice interpelle les agriculteurs

Quand les mauvaises nouvelles s’accumulent…

Par Julie Fontaine, productrice maraîchère et apicole de St-Georges-de Windsor.
Texte paru dans le bulletin « Solidarité agricole de l’Estrie » reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteure.

Dans la semaine du 9 octobre, une nouvelle tuile tombait sur les apiculteurs, notre miel est contaminé par les néonicotinoïdes dans une proportion pouvant aller jusqu’à 85 %.

Chaque année, malgré une gestion des ruchers très serrée pour le contrôle des acariens et autres petits troubles propres à nos abeilles, mes collègues apiculteurs et moi devons faire face à une mortalité qui oscille entre 30 % et 50 % peut-être même plus. Cette mortalité tout à fait exagérée est directement reliée à l’utilisation des pesticides en milieu agricole. Je ne vous apprends rien de nouveau, j’en suis certaine, mais ce dont je veux vous faire part c’est ma perception en tant qu’agricultrice membre de l’UPA.
Pour résumer ma vision de la chose, c’est comme si une faucheuse passait dans vos champs chaque mois d’août et rasait entre 30 % et 50 % de vos cultures, sans que vous puissiez dire ou faire quoi que ce soit. Vous seriez en beau siffleux!
C’est malheureusement ce qui m’arrive à chaque fin d’hiver, quand je sors mes ruches et que je constate une mortalité anormale causée justement par les pesticides utilisés par mes voisins. La faucheuse passe dans mon rucher chaque année!
Dans un rapport accablant datant de mars 2017, le Conseil des Droits de l’Homme aux Nations Unies fait le lien direct entre l’utilisation des pesticides et leur impact sur l’environnement, la société et la santé des individus partout sur cette planète. Les recommandations émises à la fin de ce rapport sont très rigoureuses, restrictives et visent à diminuer radicalement l’accès aux pesticides pour les agriculteurs du monde entier. Comparée à tout ça, la Stratégie québécoise sur les pesticides, tant décriée par les agriculteurs, va nous donner l’impression d’une bande dessinée pour enfants.  Aujourd’hui, c’est le miel qui est contaminé, demain ce sera peut-être au tour du lait, du sirop d’érable, peut-être d’autres produits aussi. Imaginez le cauchemar si d’autres produits venaient à tomber sous la loupe des techniciens de laboratoire!
Après des années de discussions avec les grandes compagnies de pesticides, force est de constater que rien ne va plus.  Laissons donc les grands faire semblant que tout va pour le mieux dans leur monde et prenons en main notre environnement et notre destinée en tant qu’agriculteurs. Vous avez le gros bout du bâton puisque vous êtes acheteurs de semences. C’est la magie de notre beau système capitaliste. Aucune compagnie ne peut fonctionner si personne ne veut acheter leurs produits. Appelez votre semencier et
exigez les semences non enrobées de néonics. Vous en êtes capables
et je le sais parce qu’il n’y a rien de plus tenace qu’un agriculteur décidé à faire changer les choses. Pensez à vous, votre famille et surtout les petits-enfants qui ne sont p eut-être pas encore nés. Si vous avez le bonheur d’ héberger un apiculteur sur votre terre, quand ce dernier viendra vous porter une caisse de son précieux liquide, dites-lui que vous avez utilisé des semences non enrobées; que vous l’avez fait parce que vous aviez le contrôle total sur cette décision et que c’était votre geste pour l’environnement en 2018!
De mon côté, quand je vais m’asseoir à la table de mon syndicat, je vais peut-être pouvoir arrêter de me rentrer la tête dans les épaules et finalement sourire à tous mes collègues agriculteurs en me disant que finalement, on rame dans le même sens.
Bon hiver à vous et à mes abeilles.

Modifications réglementaires sur les pesticides : l’AIPS fait ses recommandations

Près de deux ans après l’annonce de la Stratégie gouvernementale sur les pesticides 2015-2018 , le gouvernement sort enfin de son inaction! Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques propose de modifier le Code de gestion des pesticides et le Règlement sur les permis et les certificats pour la vente et l’utilisation des pesticides.

L’annonce semble toutefois confirmer une vision largement insuffisante du problème de la surutilisation abusive et systématique des pesticides systémiques au Québec et du cercle vicieux dans lequel les agriculteurs sont piégés.

L’AIPS, qui vise une interdiction complète des pesticides systémiques, est préoccupée par les impacts de la réglementation québécoise des pesticides sur la santé humaine et la santé de l’environnement. C’est pourquoi l’Alliance a communiqué ses recommandations au ministre. En voici la synthèse :

Recommandations générales

  • Recommandation 1 : La mise en place d’un plan d’action concret de réduction des pesticides, global et cohérent, comportant des échéanciers précis. Il est également impératif que le gouvernement priorise les actions et accélère la mise en œuvre de ses dernières dans ce dossier.
  • Recommandation 2 : D’élargir le nombre de pesticides concernés par le règlement pour y inclure l’ensemble des pesticides systémiques, y compris le glyphosate, le pesticide le plus utilisé au Québec.
  • Recommandation 3 : Qu’une stricte séparation des activités de ventes et de conseils des agronomes soit imposée.
  • Recommandation 4 : Une augmentation des ressources humaines pour garantir une application effective et cohérente des lois et règlements concernant les pesticides.
  • Recommandation 5 : Que des formations obligatoires sur les risques liés à l’usage des pesticides et sur l’agriculture biologique et les méthodes de lutte intégrée soient présentes dans les formations des agriculteurs et de tous les intervenants agricoles (ouvriers agricoles, conseillers agricoles, agronomes, etc.).
  • Recommandation 6 : Que des formations de mise à niveau soient exigées à chaque renouvellement de permis d’application de pesticides.
  • Recommandation 7 : L’interdiction progressive avant 2020 de l’ensemble des pesticides systémiques pour tous leurs usages.

Recommandations spécifiques

  • Recommandation 8 : Nous demandons une définition stricte du terme Biopesticides comprenant des critères précis sur l’innocuité des matières actives et adjuvant sur la santé et l’environnement.
  • Recommandation 9 : Il est proposé que l’avis de notification du titulaire d’un permis auprès de la personne chargée d’assurer l’administration de l’établissement soit outre les éléments requis par le règlement, rendus obligatoirement public et affiché dans le lieu d’application, afin, entres autres, de pouvoir garantir auprès des employés, des usagers du bâtiment ou du public que le délai de réentrée soit observé de façon satisfaisante.
  • Recommandation 10 : Nous demandons:
    • De compléter la liste des molécules concernées en ajoutant les molécules présentant des caractéristiques similaires, car appartenant aux huits néonicotinoïdes commercialisés : acétamipride, thiaclopride, sulfoxaflor, dinotefuran, nitenpyram.
    • De compléter la liste en ajoutant les molécules suivantes réputées pour leur dangerosité à la catégorie mentionnée afin de renforcer la cohérence de la modification règlementaire : fipronil, deltaméthrine et glyphosate et tous les cis-néonicotinoïdes potentiels tel que le paichongding ou le cycloxaprid.
    • De fixer des critères précis et cohérent régissant la liste des pesticides des catégories 1 à 3 et 3A.
  • Recommandation 11 : Nous demandons que le MDDELCC en collaboration avec le MAPAQ garantisse un nombre d’inspecteurs indépendants d’agronomes alloués à ce rôle en cohérence avec le nombre de prescriptions données.
  • Recommandation 12 : Nous demandons que les justifications agronomiques de l’utilisation des pesticides soient communiquées par défaut par l’agronome au MDDELCC et que ce dernier constitue un registre public informatisé qui soit  librement consultable par le public.
  • Recommandation 13 : Nous demandons que pour les deux catégories – Pesticides de la classe 3A et Pesticides de la classe 1 à 3 – les dispositions du règlement entrent en vigueur au 1er avril 2018.
  • Recommandation 14 : Il est proposé d’inclure dans la classe 3A tous les types de semences sans exclusions (et non seulement les semences d’avoine, blé, canola, maïs, orge et soja).
  • Recommandation 15 : L’AIPS demande qu’un registre public soit créé pour toutes les catégories de pesticides mentionnées dans les articles 47 à 65.

Consulter les recommandations détaillées de l’AIPS.

La dépendance des agronomes aux vendeurs de pesticides

En complément de l’article  “ Trop de pesticides inutiles dans les champs ” publié par Radio-Canada, l’Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques rend public une lettre adressée au Ministère de l’environnement (MDDELCC) en avril 2016 qui dénonce clairement le risque de collusion des agronomes avec les vendeurs de pesticides. Alors que le ministère a enfin publié un nouveau règlement concernant la gestion des pesticides ( lire l’article paru dans Le Devoir) il a  pourtant ignoré le risque de collusion flagrant dont il avait connaissance.

Voici certains extraits de la lettre envoyée par l’AIPS le 29 avril 2016 ( consulter la lettre complète à ce lien ) :

« (…) nous vous écrivons pour vous faire part de notre préoccupation vis-à-vis de l’absence de garantie d’indépendance de l’ordre des agronomes du Québec (OAQ).

En effet, nous avons pris connaissance de la liste des membres constituant le Groupe de travail chargé de « développer des propositions relatives aux exigences associées à une justification agronomique pour recommander certains produits phytosanitaires à risque élevé au comité tripartite MDDELCC-MAPAQ-Ordre » .

Or, il est frappant de constater que ce dernier ( dont la composition est disponible ) est composé de 5 agronomes représentant directement l’industrie des pesticides (Bayer, Syngenta, Dow, SynAgri, La Coop Fédérée). (…) Force est de constater que l’OAQ ne respecte pas son propre code de déontologie.

Lorsque nous nous penchons sur ce code de déontologie, il est assez cocasse de voir la façon dont l’Ordre s’explique dans un document publié sur leur site internet [retiré depuis] . En effet, on peut lire à la question :  « Est-ce que certains facteurs externes (pressions financières ou de tiers) affectent sa capacité [l’agronome] à recommander le meilleur produit pour traiter le problème diagnostiqué ? La réponse est qu’aucun agronome ne devrait accepter un mandat si on peut douter de sa loyauté ou de son intégrité. ».
Toutefois, l’on découvre un peu plus bas dans le document avec surprise que cette consigne pourtant explicite disparaît lorsque l’OAQ aborde la question de la rémunération des agronomes par les entreprises phytosanitaires qui les emploient « … il faut préférablement que la fraction variable du salaire [de l’agronome] soit assez faible et qu’elle soit associée à des critères qualitatifs de performance de l’employé ou à un objectif général de vente, plutôt qu’à la quantité de produits vendus. »

L’on s’aperçoit donc qu’un agronome travaillant pour l’industrie ne doit « préférablement » pas être rémunéré à la commission et qu’une rémunération à l’ « objectif général de vente » serait acceptable. Il est frappant de voir comment l’ordre gère les conflits d’intérêts.

Au regard des aspects précédemment cités, nous souhaitons avoir des précisions quant aux garanties dont le ministère prévoit de se doter pour s’assurer que les justifications agronomiques des pesticides dangereux, tout comme l’étape même de définition de la dangerosité de ces pesticides se fassent de façon clairement indépendante de l’industrie de production ou distribution des pesticides. Dans les conditions actuelles, il apparaît que l’Ordre des agronomes n’apporte pas les garanties suffisantes pour exclure le risque de conflit d’intérêts. (…) ».

De plus cette lettre fait suite à une tentative de dialogue avec l’OAQ ( lire l’article L’AIPS interpelle l’OAQ )

Ainsi l’AIPS, devant le mutisme du ministère de l’environnement et de l’OAQ, souhaite mettre l’emphase sur ses demandes au MDDELCC concernant les agronomes :

  • Qu’une stricte séparation des activités de ventes et de conseils soit mise en œuvre de façon légale.
  • Que des formations obligatoires sur les risques liés à l’usage des pesticides et sur l’agriculture biologique soient présentes dans les formations des agriculteurs et de tous les intervenants agricoles (conseillers agricoles, agronomes, etc.).

Ces deux conditions sont minimalement requise pour assurer un conseil adéquat des agriculteurs ainsi que la sécurité du public.

Communiqué : Influence disproportionnée de l’industrie concernant les audiences sur l’imidaclopride

Le Comité de la Chambre des communes débute les audiences sur l’imidaclopride sous une influence disproportionnée de l’industrie

Ottawa, le 6 mars 2017 — Les principaux groupes environnementaux, des défenseurs de la santé et des mouvements de mobilisation soulèvent leurs inquiétudes devant l’évaluation partiale de la proposition d’abandon graduel des pesticides composés d’imidaclopride, l’un des trois insecticides controversés largement utilisés de la classe des néonicotinoïdes (« néonics »). L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) du Canada a proposé l’abandon graduel des principales utilisations de l’imidaclopride d’ici trois à cinq ans, après qu’une évaluation environnementale ait mis au jour des niveaux dangereux du produit chimique contaminant l’environnement.

Le Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire de la Chambre des communes a demandé la prolongation de la période de commentaires afin d’étudier la proposition lors d’audiences qui débuteront mardi. L’avis publié sur le site Web du comité pour la rencontre de mardi mentionne CropLife Canada (l’association commerciale de l’industrie des pesticides), aux côtés de Syngenta Canada et de Bayer CropScience Inc. (des fabricants de pesticides néonics) comme témoins. Des représentants de l’ARLA et d’Agriculture et agroalimentaire Canada sont également invités à être présents. Environnement et Changement climatique Canada ne se retrouve pas dans la liste des témoins. Aucun des groupes à l’origine du présent communiqué de presse n’avait été invité à participer aux audiences. Une heure après la diffusion de la version originale ce matin, la Fondation David Suzuki a reçu une invitation à témoigner devant le comité.

« Il semble que le Comité ait décidé de ne donner la parole qu’aux lobbyistes de l’industrie, qui sont contre la restriction des pesticides. Il est inquiétant de constater que les enjeux environnementaux se retrouvent en bas de la liste de priorités », mentionne Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

« Les scientifiques indépendants mettent en garde contre l’utilisation massive de néonics, car ceux-ci menacent de nombreuses espèces », explique Lisa Gue, analyste senior des politiques en santé environnementale de la Fondation David Suzuki. « Nous recommandons vivement à l’ARLA d’entériner sa décision sur l’abandon graduel de l’imidaclopride, de devancer l’échéancier et d’entreprendre des actions parallèles pour l’interdiction des autres néonics. »

« Il y a eu un appui massif du public en faveur de la proposition du Canada d’interdire l’un des néonics les plus nocifs », ajoute Liz McDowell, directrice de campagne pour SumOfUs. « Les gens savent que l’utilisation répétée de ces produits chimiques n’est ni nécessaire ni durable, et ils ne veulent pas voir les lobbyistes de l’industrie aller contre une mesure de cette importance. »

Plus de cinq millions de personnes, dont des centaines de milliers de Canadiens, ont signé les pétitions d’Avaaz et de SumOfUs réclamant l’interdiction des néonics et déjà plus de 110 000 Canadiens ont soumis des commentaires individuels à l’ARLA en soutien à l’interdiction de l’imidaclopride.

La mortalité massive d’abeilles liée à l’utilisation des néonics en agriculture a motivé les chercheurs et les organismes de régulation du monde entier à réévaluer les pesticides ces dernières années. En 2015, le Task Force on Systemic Pesticides, un groupe de travail international regroupant des scientifiques indépendants, a évalué plus de 1 000 études scientifiques sur les néonics. Ils y ont trouvé la preuve évidente de leur nocivité pour les abeilles et autres pollinisateurs, les invertébrés terrestres tels que les vers de terre, les invertébrés aquatiques et les oiseaux. Le groupe de travail a sonné l’alarme au sujet de ces pesticides qui détruisent des services écologiques comme la pollinisation, lesquels s’avèrent essentiels à une sécurité alimentaire à long terme. Les dernières recherches montrent que les néonics et leurs résidus sont potentiellement nocifs pour la santé humaine.

L’Union européenne interdit partiellement les trois néonics, y compris l’imidaclopride et la France a récemment adopté une loi interdisant tous les néonics à partir de septembre 2018.

Au Canada, l’ARLA a réévalué l’imidaclopride l’année dernière et a conclu que son utilisation n’était pas durable en raison des risques pour les écosystèmes aquatiques. Les résultats de l’évaluation environnementale démontrent la présence d’imidaclopride dans les lacs et rivières du Canada à des niveaux considérés comme nocifs pour les insectes aquatiques essentiels à la santé des écosystèmes aquatiques. L’évaluation n’a pas pris en compte les risques pour les pollinisateurs, pour lesquels l’ARLA mène une évaluation dans un processus distinct, en partenariat avec l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis, laquelle se déroule depuis 2012.

« Nous aimerions voir une action rapide pour contrer la contamination de l’environnement par l’imidaclopride », plaide John Bennet du groupe des Ami(e)s de la Terre. « Aucun argument scientifique ne justifie sa présence sur le marché pour un autre trois à cinq ans. »

Le directeur de campagne d’Avaaz, Danny Auron, ajoute que « ce produit chimique menace la fragile toile de la vie, des insectes aquatiques aux abeilles et aux oiseaux. C’est pourquoi des millions de personnes pressent le gouvernement de placer la protection des abeilles, de la population et de l’environnement devant les intérêts toxiques de l’industrie. »

L’ARLA se penchera jusqu’au 23 mars 2017 sur la proposition d’abandon graduel de l’imidaclopride, avant d’émettre une décision définitive plus tard dans l’année.

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Diffusé au nom des groupes suivants :

  • Fondation David Suzuki
  • Avaaz
  • SumOfUs
  • Équiterre
  • Ami(e)s de la Terre
  • Association canadienne du droit de l’environnement
  • Environmental Defence
  • Prevent Cancer Now
  • Alliance pour l’interdiction des pesticides systémiques
  • Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME)